« Nous allons partir à Chevetogne » nous annoncèrent nos professeurs. "Ça doit être une blague, vu son ton" me suis-je dis. « On
va chasser » rajoutèrent-ils. C’était donc bien une blague mais dix minutes
plus tard, je me vois désigné par l’atelier le rôle de trésorier de la
semaine. Ils ne rigolaient donc pas. Nous allons donc aller à Chevetogne, un
domaine perdu dans la province de Namur pour effectuer un stage de survie et
tester nos prototypes sur le terrain.
J’étais un peu sceptique à l’idée de ce voyage. J'estimais que tester nos « inventions » ne nécessiterait pas autant de temps
sur place. De plus, nous avions peu d’informations concernant le déroulement de
cette semaine de projet mais je n’avais pas trop de temps pour réfléchir à ces
questions. Il fallait que j’établisse un bilan provisoire des coûts de la
semaine et que je prépare la gestion des repas dès la semaine suivante.
Ce n’est que le week-end avant de partir que j’ai remarqué
que j'étais complètement perdu quand j’ai commencé à charger ma voiture d’outils, de
cartons, de colle, de ciseaux, de pâte à bois, d’équerres, etc. Tout ce que je
trouvais chez moi devenait important. Cela en devenait même absurde car j'en suis même arrivé à oublier des choses simples, par exemple, un essuie de bain…
Après la présentation du déroulement de la semaine sur le
site, j’y ai vu plus clair. Les journées se divisaient en trois parties:
- le matin, nous travaillons sur nos expérimentations Low Tech,
- l’après-midi, on était plongés dans un scénario survie: il n’y a plus d’eau potable comment faire pour récupérer de l’eau ?
- le soir, nous faisions un débriefing par groupe sous la forme d’un compte rendu de la journée
Cette organisation m’a permis de comprendre l’importance des
tours de tables qui permettent de partager ses expériences personnelles et
d’avoir différents retours et points de vue grâce aux interactions qui ont lieu à ces
tables.
Le fait que nous soyons isolés de tout, nous a permis de
vraiment nous plonger sur la problématique de l’eau. Nous nous trouvions dans
un domaine où l’eau était présente en abondance à la fois sur le site (lac,
cours d’eau, rivière, cascade) mais aussi de part le climat humide. Le premier
jour, nous avons trouvé beaucoup d’eau sur les plantes grâce la rosée et
ensuite, les reste des jours, grâce à la pluie. Malgré cette surabondance d’eau, nous
n’avons pas réussi à récupérer de l’eau potable. C’est là que j’ai pris
conscience de la difficulté du sujet abordé par l’option DFS cette année.
Je ne pense pas que cela soit mauvais que nous n’ayons pas
réussi à faire quelque chose de concret. Cela nous a permis de prendre du
recul.
En plus de cela, d'un coté plus personnel, le fait d’enlever le manteau
de l’architecte était une difficulté. Nous avons été formés tout au long
de notre parcours universitaire pour réfléchir de cette manière. Nous
produisons des formes et avons un regard esthétique sur l’objet produit. Je
pense que ce voyage nous a permis de faire abstraction sur cette recherche de
forme et de nous poser les bonnes questions. Cela nous a permis d’organiser nos
recherches de façon plus cohérente et pertinente en décortiquant les phénomènes
apparaissant dans nos projet low tech.
Pour conclure, ce voyage a été
riche d'expériences personnelles et collectives. Nous avons pu apprendre à nous
connaitre, à échanger, à former un groupe et ce, grâce aux soirs au coin du feu, aux soirées jeux de société, aux azimuts à travers bois, aux récoltes de bois en
groupe, à l’entraide pour les projets, … Tout cela n’aura pas été vain. Mes deux
seuls regrets sont que ce voyage n'ai pas eu lieu plus tôt et qu'il n'ai pas été plus long. La dynamique de travail en aurait surement été amméliorée aussi bien au niveau
de l’ambiance dans l’atelier que dans les échanges entre les étudiants.