jeudi 16 novembre 2017

Introspection Voyage Universitaire Chevetogne


Quand Victor et Denis nous ont informé d'un voyage (de chasse à l'étudiant) en plein milieu du domaine de Chevetogne, de nombreuses questions sur ce que nous allions faire là-bas, comment notre projet allait pouvoir évoluer dans un tel milieu ? Comment la vie en communauté allait-elle se passer avec des personnes dont, pour la plupart, la connaissance l'un de l'autre n'était que superficielle ou du regard ? Tant de question pour un voyage de 96 heures.

H-12, tout en préparant mes bagages pour Chevetogne, je continuais de lire le mail de Denis sur Facebook où il précisait  qu'il fallait prendre tous les outils dont notre imagination de jeune architecte avait besoin. C'est à ce moment que j'ai commencé à faire de la place dans ma valise pour prendre plus de matériel. J'ai troqué une paire de chaussette pour une vielle scie, deux t-shirt pour une perceuse et ainsi de suite. Cet avertissement m'a tellement perturbé, car je ne savais pas ce dont j'allais avoir besoin, que bientôt plus de la moitié de mon coffre était remplie de matos en tout genre. Et je devais encore mettre mes bagages à moi plus ceux de 3 autres personnes...

H-1, en récupérant mes trois collègues et après un Master Tetris avec tous les bagages, sacs de couchage et matériel en tout genre, je me suis vite rendu compte que la plupart d'entre nous étions dans le flou total. On savait qu'on allait travailler cinq jours et qu'on allait débloquer ou avancer sur notre projet. Mais comment ? 

H, après avoir écouté le petit speech de bienvenue et l'organisation pour la nourriture (qui ma foi, à super bien fonctionné), on n'a malheureusement pas pu, comme pour la plupart, déjà faire une découverte du lieu, car les estomacs de certains, dont le mien, criaient famine. C'est pourquoi on s'est dirigé vers Ciney pour manger "une frite". C'est d'ailleurs en roulant sur ce genre de petite route de campagne, assez dégagée, qu'on remarque toute l'humidité ambiante qui nous entoure surtout une fois que la nuit est tombée. 

H+10, après un premier feedback et un bon dîner convivial, on s'est tous retrouvés autour d'un feu. Et je pense qu'un feu avec une bière est fédérateur dans un groupe comme le nôtre. Tout le long du voyage nous avons fait des feus le soir pour se retrouver et parler de notre journée ou tout simplement pour se changer les idées. Mais cela a surtout permis de mettre des prénoms et des personnalités sur des visages et de tisser des liens entre des personnes qui ne se connaissaient pas réellement. 

H+30, la confrontation avec le terrain et cette atmosphère chargée d'humidité était bien plus rude que ce que je ne pensais. Nous avons installé notre premier prototype avec un scepticisme certain sur sa réelle capacité à récolter de l'eau. C'était un choc de se rendre compte après exploration du site de la quantité d'eau qu'il y avait autour de nous: dans l'air, dans les cours d'eau (mais non potable), et surtout, sur toutes les surfaces (l'herbe par exemple) où la condensation du matin était restée jusqu'au soir sans sourciller.
(J'ai aussi appris avec Valery à enlever le siphon d'un lavabo...)   

H+40, c'est à ce moment là que la dure réalité m'a frappée: faire de l'eau ce n'est pas si facile. Ce n'est pas comme dans les émissions à la "Man VS Wild" ou autre où il suffit de faire un trou avec une bâche et un caillou pour avoir une ressource d'eau potable. Tout le prototype qu'on avait au préalable  préparé en atelier n'était qu'un échec: pas une goutte. Le seul point positif c'est qu'il y avait un flux d'air. On s'est alors demandé si ce n'était pas un problème d'échelle et on s'est attelé à produire (malheureusement) pour produire. On a donc fait le prototype mais à une échelle humaine avec pour seul matériel: la nature et cinq sacs poubelles comme Bear Grylls.

H+50, le prototype fini, j'étais loin d'être convaincu. Le prototype avait peu d'allure et l'idée qu'il puisse avoir la capacité de produire de l'eau avait été fortement ébranlée dans ma tête.

H+60, on a revu notre prototype 2 et comme préssenti ce fut un gros échec. Mais après cet échec, nous avons eu une discussion très intéressante avec Victor et Denis. Avec, Victor nous avons abordé  notre capacité à ouvrir notre esprit et sortir de notre esprit de production pour produire à la manière de l'architecte. Et avec Denis, nous avons abordé ce nœud qu'est le théorème de Bernoulli. En effet, il nous a permis de nous rendre compte que l'effet Venturi n'allait pas du tout refroidir l'air assez vite que pour avoir condensation. Mais je suis plutôt du genre optimiste et je me suis dit qu'on avait déjà trouvé une solution possible au tirage de l'air et qu'il ne restait qu'à trouver de la matière à développer. 

H+70, il s'en est ensuite suivi une organisation menées par 6 personnes, qui ne se connaissaient pas spécialement en début de semaine mais que les feus avaient réunis, pour le repas du soir et pour vider l’entièreté des restes de la semaine. Et encore une fois, j'ai été frappé par la réalité, frappé par cette organisation qu'il faut pour nourrir 30 personnes, frappé par la tonne de nourriture que 30 personnes laissent derrières elles après une semaines ensemble et cette envie de faire plaisir à tout le monde.

H+80, c'était le moment d'un dernier feu, tous réunis autour de celui. Un feu qu'on avait réussi à faire dès le premier soir alors que l'eau, en une semaine, on n'avait pas réussi. Ce soir là, il y a même eu 2/3 gouttes de pluie comme dernier narguage de mère nature devant notre échec. Mais rien n'allait gâcher l'ambiance de cette soirée où 30 inconnus 96H plus tôt étaientt devenus 30 amis...

H+96, l'heure du départ fut à l'image du voyage, collectif avec une bonne ambiance, jusqu'à la distribution des restes. C'était déjà l'heure du départ, quitter un endroit hors du temps, ou tout est en suspend même l'eau dans l'air.