En 1824, Lanzarotte a subi une éruption qui a recouvert les terres arables d'une épaisseur d'un mètre de cendres volcaniques (éruption de Timanfaya). Du coup, plus rien ne poussait et l'agriculture a quasi disparu sur cette ile, engendrant famines et émigration.
C'était sans compter sur l'ingéniosité de certains. En effet, ils se sont mis à creuser des trous coniques (+/-1m50 de diamètre, 1m de haut) afin de retrouver la terre arable. Dans le fond de ces trous, ils plantent alors un pied de vigne et l'arrosent copieusement mais une seule fois (effectivement, ce sera l'unique fois sur toute sa vie)! La terre, en-dessous de la couche de cendres est particulièrement sèche. Rien ne saurait pousser dedans. Comment la vigne arrive-t-elle à survivre dans de telles conditions?
Simple! Le trou en forme de cône protège la vigne du vent (=culture sur lapillis volcaniques). En surface, les vignerons complètent ce dispositif par un empilement de pierres du côté d'où vient le vent, afin de diminuer encore son incidence sur le développement de la vigne. Lorsque la nuit vient, l'eau en suspension dans l'air se condense sur les feuilles de vigne et coule alors, goute par goute, par terre, avant de rejoindre les racines.
Peut-être la forme du muret et du trou conique créent-ils une sorte de vortex qui contribue à condenser les gouttelettes au centre, là où se trouve la plante (à "creuser" si je puis dire)? Une chose est certaine: le creusement du cône est capital. Seuls quelques spécialistes locaux arrivent à lui conférer la forme exacte qui optimise la condensation de l'eau. Lorsque sa forme n'est pas rigoureusement correcte, c'est l'échec assuré!
Toujours est-il que la vigne se développe a même le sol et ses sarments sont disposés en cercles concentriques au fond du trou… La production de raisin est abondante et le vin qu'ils élaborent est d'excellente qualité...
- Une contribution de Pascal Pirotte